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Allo Cécile, j'suis dans la merde !

Par Cécile AtCom

- Allo Cécile, j'suis dans la merde !

J'ai l'habitude de ce genre d'appel provenant de mon ami d'enfance Paulo.

Lui, c'est le cas unique ! Celui qui réussit à te stresser une flopée de consultants en gestion du stress et tout le staff s'y rapprochant.

À l‘évocation de son seul nom : Delmont, les coachs les plus éminents en développement personnel, méthodes anti stress toutes catégories confondues se portent pâles pour cause de gastro ou dysenterie aiguë (selon les prévisions climatiques).

Bref, Paulo, c'est mon pote entrepreneur.
Pourtant, s'il y a bien un mec armé de la meilleure volonté du monde, prêt à écouter une parcelle de conseil concernant le développement commercial de son affaire, les principes d'une prospection aboutie et j'en passe, c'est bien lui.
Toujours à te témoigner de la reconnaissance...enfin pas trop...

C'est donc par son appel que je commençais ma matinée de ce jeudi 6 juin.

Branle-bas de combat, toutes sirènes hurlantes, le giro en mode rouge cramoisi tourbillonnant sur lui-même à l'instar de ma tête en ébullition.
Rendez-vous de toute urgence au troquet d'à côté.

Évidemment pour faire simple, mon artiste de Paulo arrive ¼ en retard.

- Les bouchons !  Qu'il prétendit le bougre. Va savoir...

Il arriva la goule enfarinée, essoufflé, endimanché d'un costume gris naphtaline, d'une chemise blanche déboutonnée par-dessus un pantalon de flanelle... fermé.
Les cheveux bruns de mon ami dont les boucles s'agitaient au rythme de sa cavalcade semblaient s'extirper d'une longue léthargie hivernale.

Pas mal pour un trentenaire aux abois, ai-je pensé au creux d'une pensée déplacée. Mais bon, ne nous laissons pas attendrir.

- Merci Cécile de rappliquer plus vite que ton ombre ! Il faut que tu me sauves la mise ! Reprit Paulo tout en me posant une main chaude et crispée sur l'épaule, le sourire sur la pointe des lèvres.

- Assieds-toi, lui répondis-je, sceptique. Je commandais 2 expresso.

- Ben voilà, commença-t-il encore tout décontenancé, la paire de lunettes posée sur le bout du museau. Tu me connais. Tu sais combien je me montre attentif à tes conseils, à tes formations que j'étudie de façon exemplaire depuis ton blog.

- Euh oui, mais... déclarais-je, méfiante. Sans même me laisser le temps de continuer ma phrase, il embraya direct :
- j'y suis allé à mon super rendez-vous découverte. J'avais tout prévu.

Après avoir dégluti une gorgée de café hyper chaud, il grimaça, puis continua.

- J'étais remonté à bloc. Levé à 6 heures du mat, musique à donf, style "vas-y Dédé fait péter la sono sur Earth Wind & Fire !" J'avais même prévu de m'habiller années 80, moumoute afro en prime !

- Non pas ça ! M'éclaffais-je, lâchant ma petite cuillère enrobée de mousse caféine qui atterrit sur mon pantalon blanc. Merde ! Pour une fois que j'arrivais à l'enfiler celui-là !

- Mais non c'est pour rigoler ! Me dit-il en me percutant d'un clin d'œil renversant. C'était bien la première fois que je me préparais tip top. Paulo, fier de lui, commença à me dresser sa check-list :

  • Mon dossier de présentation super complet d'après ma connaissance des besoins de l'entreprise.
  • mes échantillons trash test
  • Ma fiche de renseignements sur la société prospectée.
  • J'ai fait comme tu m'as dit, de la veille concurrentielle :

 

J'ai pris la bagnole, et tous les jours, j'ai scruté, examiné, fait le pied de grue devant les bases ennemies.
J'ai tout noté, compté, répertorié : les entrées et sorties des clients qui pénétraient insidieusement chez l'adversaire.
J'ai pris des tas de photos que j'ai posté sur Facebook avec preuves à l'appui !


À cet instant, j'ai bien failli l'étrangler avant de mettre fin à mes jours en avalant de travers mon nectar encore chaud :

- T'as pas fait ça !!!

- Mais non tu me connais !

- Justement, tu me fais peur ! Repris-je mi-affolée, mi-énervée.

- J'étais équipé de ma batterie de questions fermées, mais surtout ouvertes, voire très ouvertes... Et c'est là que ça a coincé ! Conclut le cinglé devant moi prénommé Paulo Delmont.

- Je ne saisis toujours pas où tu veux en venir ! Répliquais-je pressée d'en finir, tout en essuyant désespérément la catastrophe brunâtre qui s'étalait sur mon genou.

- Arrivé chez le prospect en question, je me suis présenté à la secrétaire. Mon interlocuteur avait 20 minutes de retard, alors gentiment, elle me proposa de m'asseoir en l'attendant.

- Et alors ?

- J'ai commencé à discutailler avec Cathy.

- C'est qui Cathy ?

- Ben la secrétaire ! me répondit Paulo en haussant les épaules, le regard dans le vague.
Faut suivre Cécile !
Scanda mon interlocuteur, le regard inquisiteur.
J'ai voulu mener l'enquête comme tu le prodigues dans tes articles.


 Aïe ! Il se justifie avant de trébucher sur la chute de son histoire. Ça ne s'annonce pas simple ! Méditais-je.

- Je ne sais pas si c'est d'avoir écouté Barry White en boucle dans la fourgonnette ou ton audio sur la visualisation positive ! Au final, je lui ai sorti le grand jeu, celui que tu nous apprends dans tes formations. Super motivé, à bloc le garçon ! Les ailes me poussaient dans le dos ! Je lui ai posé des tas de questions balaises, celles du mec qui comprend tout à la vie. Tu sais, les questions d'un écart d'amplitude défiant tous les principes de physique appliqué. Vu le missile que j'avais devant moi dont les pointes du corsage se dressaient comme des ogives, je me suis concentré, laissa échapper Mon Paulo au firmament.

Et puis, reprit le conquistador de la prospection, les yeux constellés d'une myriade de leds incandescentes, l'espace-temps s'est soudainement arrêté. Si tu avais vu Cathy, admirative, pétillante, volubile, devant mon intérêt grandissant qui s'élevait au fur et à mesure de nos regards échangés.

Là, j'essayai de décrypter le double sens de son message en imaginant la scène. Enfin, pas trop, faudrait pas en perdre le fil...

- Te rends-tu compte, en quelques secondes, elle passait du registre de la secrétaire coincée derrière son pupitre translucide à la personne la plus importante à mes yeux. Je te prie de croire qu'elle m'en a fait des confidences, sur son entreprise, son patron et ses collègues... Reprit Paulo, secouant une main excitée trahissant des confessions, voire un déballage d'aveux long comme le bras. Je sais me montrer disponible pour la clientèle. En tout bien, tout honneur, je lui ai proposé de continuer notre discussion sur le répertoire des révélations, à l'heure de la pause de midi.

- Et ?

- On a échangé nos numéros de phone juste quand mon prospect s'est pointé...

D'après vous, pourquoi Paulo a-t-il appelé Cécile au secours ?
Vous n'êtes pas au bout de vos surprises, mais ça, vous le saurez dans le prochain article.

Cécile AtCom
Activateur de prospection


PS : Par avance à tous les Paulo qui se reconnaîtront, PARDON !

 

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